Théo Mercier, plasticien français, s’est installé à la Conciergerie à Paris pour nous proposer une « cathédrale des sommeils ». Bien plus que de simples châteaux de sable, l’oeuvre nous transporte immédiatement dans un état de perte de conscience du monde extérieur à l’intérieur d’une citée perdue. Son installation donne forme à des matelas, des...
Théo Mercier, The Sleeping Chapter
Théo Mercier, plasticien français, s’est installé à la Conciergerie à Paris pour nous proposer une « cathédrale des sommeils ». Bien plus que de simples châteaux de sable, l’oeuvre nous transporte immédiatement dans un état de perte de conscience du monde extérieur à l’intérieur d’une citée perdue. Son installation donne forme à des matelas, des oreillers, des colonnes renversées, des morceaux de carton… Autant d’objets évoquant la nuit et la rue, le repos précaire et l’absence fantomatique de tout personnage.
Des chiens, aussi, gardent notre sommeil, seule présence tangible dans cette échappée fantastique. L’installation Outremonde est monochrome et elle s’accorde parfaitement avec l’architecture de pierre de cet ancien palais de justice. Les sculptures sont réalisées en sable compressé. Une installation sonore et lumineuse exprime la matérialité des présences invisibles à travers l’empreinte des corps, le pli des draps, le bruit des souffles et des pulsations. Lumière et émerveillement brouillent tous nos sens et nous transportent dans un « no man’s land ». Nous sommes dans un « au-delà » ou un monde enfoui persiste dans l’invisible. Notre perception de cette réalité irréel ébranle nos certitudes et appose son empreinte sur une page vierge. Outremonde nous apparaît comme les vestiges d’un monde révolu dont les civilisations sont retournés à la poussière. Entre l’immanence et la transcendance, la permanence et l’éphémère, ce monde de sable fait écho au monde des ruines. Memento, homo, quia pulvis es, et in pulverem reverteris « Souviens-toi, homme, que tu es poussière et que tu redeviendras poussière ». Comment fixer un temps fuyant ? En quoi prendre conscience de la rapidité des heures qui passent et notre incapacité à les retenir nous dévoile la réalité visible des choses?